mercredi 1 mai 2013

Ce que je pense de la formation des jeunes leaders du secteur agricole


Dans le cadre de la poursuite de la formation que j’avais initié en 2010 avec l’appui du partenaire FARM, j’ai fait des tournées dans plusieurs provinces du Burkina dans lesquels j’ai rencontré des producteurs de structures différentes : des céréaliers, de cotonculteurs, des riziculteurs et des éleveurs. Ces rencontres  visaient à discuter sur les qualités d’un bon dirigeant, des stratégies de son choix et l’intérêt  de la relève du leader dans une structure. Tout le monde était conscient qu’il fallait travailler à conscientiser la jeunesse pour une nouvelle vision de l’agriculture.

Aujourd’hui, la jeunesse a accès aux multiples informations à travers les medias. Elle est souvent poussée à aller chercher le luxe dans les villes et dans les sites d’orpaillage où elle est laissée à elle même. Nous avons trouvé que c’était mieux de les accompagner à ce métier agricole où ils ont besoin d’être rassurer que le développement dans l’agriculture est possible.

Ma mère m’a dit un jour que «c’est pendant tu as l’énergie que tu dois décider de bien l’utiliser. Que tu l’aie utilisé ou pas, à 70 ans tu n’auras plus cette force physique. S’il se trouve que tu n’avais pas fait le bon choix pour bien utilisé cette force pendant ta jeunesse, cette énergie n’aura que traverser ton corps». Travailler bien physiquement doit être accompagné par réfléchir très bien pour mieux gagner. Cela veut dire avoir l’esprit d’entreprise dès le jeune âge.

A la fin de chaque tournée, des jeunes devaient être choisis par leurs localités pour être former dans cet esprit. Cette formation s’est déroulée du 2 au 5 avril 2013 à Moundasso (Boucle du Mouhoun) sous le thème « Leadership pour une action paysanne démocratique » et avait comme animateur, Fabrice Larue de FARM, et comme intervenants Marilyn Côté, productrice de lait et membre de la Fédération de la relève agricole du Québec (FRAQ) et moi même Traoré François, ancien président de l’UGCPA.

La présente formation sur le leadership a permis aux jeunes leaders du secteur agricole de mieux appréhender les principes du concept et les qualités à avoir pour devenir un bon leader. De manière simple, le leadership consiste à prendre les personnes là où elles sont et à les conduire à un niveau supérieur qualitatif. Le rôle du leader est d’être utile pour sa famille et sa localité.  
                                                           
Dans le secteur agricole, un leader est celui qui sait exprimer ses compétences pour l’émergence de son exploitation et qui sait l’extrapoler à son organisation. Dans ce contexte, une vigilance particulière doit être observée lors du choix des représentants des organisations paysannes car leur pérennité en dépend.

Concernant les qualités d’un bon leader, les participants ont confirmé que celui-ci doit être bon travailleur dans son domaine,  avoir le sens de l’écoute, être rassembleur, partager sa connaissance du travail, demeurer honnête et rigoureux. Le bon leader doit savoir qu’il apprend avec les autres. Il  doit aussi savoir changer de style pour s’adapter à des situations nouvelles. Il est toujours en quête d’innovations car s’il cesse d’apprendre, il cesse d’être leader. Les meilleurs leaders sont ceux qui savent qu’ils ont toujours à apprendre en partageant avec les autres.
Cette formation de Moundasso (Dédougou) a été également une instance de partages d’expériences entre  les jeunes et aussi avec des  vétérans du secteur agricole afin d’assurer une meilleure relève dans les exploitations familiales et dans les organisations paysannes.
On peut donc se réjouir d’avoir atteint les objectifs de cette  formation au regard des nouvelles idées pertinentes et des engagements quelle a suscité chez les participants. En effet, le problème d’accès à la terre, le problème foncier, l’insuffisance de professionnalisme dans  l’esprit entrepreneurial, le manque de responsabilité, l’augmentation des rendements par une bonne gestion des exploitations familiales, la mise en place d’organisations paysannes crédibles aux Burkina avec une implication effective des jeunes dans un esprit de leadership, ont été les principaux challenges que les participants ont décidé de relever dans les prochains jours.

En tant que vieux agriculteur, qui a été chef d’exploitation à l’âge de 15 ans, ayant commencé tout à zéro : pas de matériel agricole avec des difficultés d’accès à la terre, je connais plusieurs difficultés que vivent beaucoup de jeunes. Mon souhait a toujours été de partager mes expériences avec eux. Cette fois ci les jeunes producteurs ont eu accès à plusieurs expériences et c’est l’occasion pour moi de remercier Fabrice de FARM, Marilyn de FRAQ et également tous les 46 jeunes d’avoir accepté partager. Pour moi, la formation des 46 jeunes est comme une graine qu’on vient de semer et qui doit se multiplier. C’est le métier agricole et le Burkina qui y bénéficieront.

Ouagadougou, le 30 Avril 2013
TRAORE B. François,
 www.francoistraore.blogspot.com                                                                                          
 Président d’honneur de l’AProCA,
Docteur honoris causa.
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